
Depuis quelques années, les cotisations pour bénéficier d'une complémentaire santé augmentent. Mais que font les organismes qui proposent cette assurance des primes versées par les assurés ? Ils les utilisent principalement pour des prestations et remboursements, mais les frais représentent aussi un poste important. Explications.
La complémentaire santé vous permet d'être remboursé d'une partie des frais non pris en charge par la Sécurité sociale, après une consultation chez le médecin par exemple, ou encore l'achat de médicaments, de lunettes ou d'appareils auditifs. Cette protection est souvent appelée mutuelle, mais elle est aussi commercialisée par des institutions de prévoyance ou des entreprises d'assurance.
Avoir une complémentaire santé a un coût.
Exemple pour une personne de 45 ans qui a un contrat individuel (destiné surtout aux indépendants, les salariés bénéficient d'un contrat collectif mis en place et pris en charge à 50% par l'entreprise), il faut compter en moyenne 47 euros par mois pour une couverture faible, d'après les statistiques 2024 de MoneyVox Market Intelligence. Voilà ce que font les mutuelles, entreprises d'assurance et institutions de prévoyance de ces cotisations.
Cotisations en hausse
Les cotisations augmentent depuis plusieurs années. En 2023, les organismes complémentaires ont collecté 43 milliards d'euros de cotisations (hors taxes), selon une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES). Une hausse de 6% par rapport à l'année précédente. « Cette hausse des cotisations collectées est la plus forte enregistrée depuis 2012, première année pour laquelle ces données sont disponibles. Les variations des cotisations peuvent résulter des évolutions du nombre de personnes couvertes mais aussi de revalorisations tarifaires ou de changements dans les niveaux de garanties des contrats souscrits », selon le rapport.
Cette augmentation sera aussi certainement observée en 2024 et 2025, puisque les primes des complémentaires santé ont aussi beaucoup grimpé cette année et que les acteurs ont déjà annoncé d'autres hausses pour l'année prochaine
Le versement des prestations
Premier poste d'utilisation : les prestations, donc les remboursements de dépenses de santé versés aux assurés. En 2023, ces prestations s'élevaient à 34,9 milliards d'euros. Un résultat en hausse par rapport à 2022 + 6,4% (+2,1 milliards d'euros), soit un rythme de hausse légèrement supérieur à celui des cotisations. « En 2023, tous les postes de la consommation de biens et de soins médicaux contribuent à l'augmentation des prestations versées par les organismes complémentaires, et plus particulièrement les dépenses de soins hospitaliers (+10%), les dépenses d'optique (+6,2%), et les dépenses de dentaire (+5,5%) », relève le rapport de la Drees.

Globalement, 81% des cotisations hors taxes sont reversées sous forme de prestations. Mais les contrats collectifs, souscrits par les entreprises pour leurs salariés, « apparaissent plus avantageux pour les assurés, 87% de leurs cotisations ayant été reversées en prestations en 2023. » A l'inverse, pour les contrats individuels, qui sont dédiés à la plupart des retraités, des étudiants ou des actifs indépendants reversent 75% des cotisations hors taxes sous forme de remboursements.
Pourquoi un tel écart ? « Les entreprises, qui souscrivent ces contrats collectifs sont en effet davantage en position de négocier des garanties au meilleur prix que des particuliers dans le cas des contrats individuels. De plus, les charges de gestion sont un peu plus faibles en collectif, en raison d'économies d'échelles », indique la Drees.
Dans les faits, les assurés ont un ratio prestations sur cotisations moindre. Il avoisine environ 72% en moyenne, si on pend en compte les taxes. 81 euros de prestations sont reçus pour 100 euros de cotisations payés à l'organisme assureur. Mais, à ces 100 euros s'ajoutent, pour la grande majorité des contrats 13,27 euros de taxes.

Le poids des frais
Autre poste d'utilisation des cotisations, les frais. Ce qui se cache derrière ? Les « frais de gestion des sinistres », les « frais d'acquisition », c'est-à-dire le coût de captation de nouveaux clients, ainsi que les « frais d'administration et autres charges techniques ». En 2023, la part des charges de gestion dans les cotisations collectées (hors taxes) est de 19,3% (une diminution de 0,3 point par rapport à l'année précédente). Les contrats collectifs ont des charges moins élevées en proportion : 17,3% contre 21,2% pour les contrats individuels.

« La part des frais d'acquisition dans les cotisations est plus faible en collectif : 6,4% en moyenne, contre 9,1% pour les contrats individuels en 2023, du fait du nombre d'interlocuteurs réduit qui diminue le coût de publicité et de vente des contrats. De même, les frais d'administration sont un peu plus faibles en collectif car les cotisations peuvent être prélevées par les entreprises et reversées globalement aux organismes assureurs », explique l'étude.
Des contrats santé déficitaires ?
Sur les contrats de complémentaire santé strictement, les organismes ont dégagé en moyenne peu ou pas de marge. En 2023, le résultat technique en santé, c'est-à-dire la différence entre les revenus de l'assureur (principalement les primes) et les charges (les prestations et les différents frais de gestion et de commercialisation des contrats), « a été au global légèrement négatif : il s'est établi à -0,4% des cotisations collectées hors taxe ».
La situation est toujours différente en fonction des contrats. « Depuis 2011, les contrats collectifs sont globalement déficitaires, « ce qui contraint les organismes à compenser ce déficit technique par des produits financiers afin de maintenir leur rentabilité globale ». En moyenne, leur résultat technique s'est élevé à -3,9% des cotisations en 2023. Les contrats individuels continuent à dégager en moyenne des excédents. En 2023, le résultat technique de ces contrats s'est élevé à +3,1% de leurs cotisations, mais à un niveau inférieur à celui de l'année 2022 (+4,1%). »
Les assureurs comptent toutefois sur leurs autres activités, comme l'assurance vie, par exemple. « Sur la totalité de leur activité, en 2023, les organismes complémentaires exerçant une activité d'assurance santé ont dégagé des excédents représentant en moyenne 3,4% de l'ensemble des cotisations collectées hors taxes », note la Drees.
DIEM Geoffrey
Conseiller en Gestion de Patrimoine
Cabinet Diem Conseil & Patrimoine
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