Le manque de visibilité vis-à-vis de la retraite, censée être assurée par le système actuel, pousse les Français à prendre les devants en se constituant leur propre retraite. En effet, dans un double contexte d’inquiétude et d’inflation, de nombreux Français adoptent un réflexe d’épargne… dans le but pour la plupart, de préparer leurs vieux jours. Et pourtant, un produit d’épargne exclusivement dédié à cet objectif semble encore trop peu exploité.
Mais alors, comment les Français préparent-ils leur retraite pour faire face aux incertitudes ? Font-ils les bons choix pour leur épargne ? Faites-vous le bon choix pour votre épargne?
Pour leur retraite, les Français préfèrent compter sur eux-mêmes
Le modèle de retraite français se base sur une retraite par répartition. Pour l’expliquer simplement, ce sont les actifs d’aujourd’hui qui paient les pensions des retraités d’aujourd’hui. En parallèle, cotiser aujourd’hui ouvre des droits pour sa future pension de retraite. Avec ce système, une dimension de solidarité demeure donc importante. Nous ne cotisons pas pour notre propre retraite mais pour la retraite des retraités actuels.
En revanche, le ratio cotisants-retraités met aujourd'hui en lumière le déséquilibre du régime de retraite par répartition. Ceci s’explique par une évolution démographique défavorable avec notamment le départ à la retraite de la génération du baby-boom, ce qui provoque un déséquilibre entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités.
L’enquête 2023 « Les Français, l’épargne et la retraite » de l’AG2R la mondiale, l’Amphitéa et du cercle de l’épargne met en évidence les placements préférés des Français. Sur le podium, le livret A, l’immobilier locatif et l’assurance-vie.
A première vue, ce classement n’est pas surprenant et montre les préférences des Français en matière d’épargne : l’immobilier et l’assurance-vie sont historiquement les placements préférés des Français, ceux sur lesquels ils ont le plus investi ces dernières années. L’encours de l’assurance-vie s’élève ainsi à 1 900 milliards d’euros, soit quasiment autant que TOUS les autres placements financiers réunis. Le Livret A est quant à lui le placement le plus alimenté ces dernières années. Un plébiscite qui s’explique par la hausse de son rendement, à 3% en février, sans aucun impôt et sans aucun risque, difficile de faire mieux.
L’intérêt des Français pour le Livret A et l’assurance-vie montre aussi et surtout que quel que soit l’objectif final de l’épargne (ici la retraite), les Français privilégient les placements les plus liquides. Le livret A, parce que son taux sans risque et sans impôt est sans équivalent actuellement, mais surtout l’assurance-vie, sont en effet d’excellents placements pour combiner les objectifs de court et de long terme. Ils conviennent donc parfaitement à un investisseur qui souhaite épargner pour sa retraite, mais ne veut pas bloquer son épargne sur du trop long terme, en cas de besoin (accident, nouveau projet, etc.).
L’assurance-vie est donc le choix d’épargne retraite idéal pour les investisseurs relativement jeunes, 25-45 ans, qui ont bien conscience de la nécessité d’épargner pour sa retraite mais ont aussi d’autres projets en tête.
Les Français font-ils le bon choix pour leur retraite ? Faites-vous le bon pour votre retraite?
La surprise des résultats de l’enquête d’AG2R vient surtout de l’absence totale du Plan d’Epargne Retraite dans les choix cités par les épargnants français.
En effet, avec le nombre de Français qui épargne pour leur retraite, soit 1 Français sur 2, le PER aurait le mérite d’être sur la première marche du podium, ou du moins, s’en rapprocher davantage. Pour les Français, la préparation de sa retraite est en effet la 2e raison de détenir un produit d’épargne après la constitution d’une épargne de précaution.
Ce classement est d’autant plus paradoxal compte tenu des données de cette même enquête qui indiquent que les Français sont loin d’être fermés au remaniement du système de retraite actuel pour aller vers un système par capitalisation. En opposition à la retraite par répartition, vous épargnez en vue de votre propre retraite. Si 44 % des sondés souhaitent conserver le système de répartition actuel, 41 % sont favorables à un système mixte (répartition et capitalisation) et 15 % se prononcent pour un système exclusivement par capitalisation.
Mais même si le système de retraite ne tend pas à évoluer vers cette voie, le PER est un produit d’épargne totalement construit sur le principe de la retraite par capitalisation. Ainsi, le système par capitalisation est un modèle qui existe déjà. Avec le PER, vous constituez votre propre retraite qui plus est, dans un cadre fiscal avantageux.
Du côté des produits d’épargne exclusivement utilisés en vue de préparer sa retraite, le baromètre 2023 du cercle des épargnants⁽²⁾ indique que le PER fait partie du top 3 mais ne se place qu’après le Livret A et l’assurance-vie. Connu de tous, le livret A est, d’après les Français, le meilleur placement pour préparer sa retraite. Son taux d’intérêt actuel à 3 %, sa liquidité et sa sécurité attirent les Français… mais ce livret possède toutefois un inconvénient, son plafond. D’autres solutions d’épargne sont alors à préférer.
Le baromètre BPCE Assurances sur les changements de vie qui mentionne les produits d’épargne privilégiés par les Français, met également en lumière le PER mais celui-ci ne vient qu’après d’autres solutions d’épargne.
En effet, la deuxième édition de ce baromètre place le plan d’épargne retraite parmi les moyens utilisés par les Français pour préparer sa retraite : 46 % envisagent d’accéder à la propriété ou d’investir dans l’immobilier, et 47 % ont recours à l’épargne, dont 32 % en alimentant de manière régulière un plan d’épargne retraite (PER).
En tout, c’est près de la moitié (48 %) des Français qui mettent de l'argent de côté pour leur retraite (30 % des 18-24 ans et 47 % des 25-34 ans). Ainsi, le baromètre met en évidence l’importance pour les Français, de préparer sa retraite de son côté pour obtenir à l’âge de départ à la retraite, un capital ou une rente suffisante.
Même si le PER a encore du chemin à faire, les chiffres du rapport de la loi PACTE confirment l’attrait des épargnants pour ce produit d’épargne avec un nombre de titulaires du nouveau PER de 5,6 millions en mars 2022, un nombre qui a dépassé l’objectif prévu par le gouvernement qui était de 3 millions à fin 2022. Ce record de souscription est en majorité dû à la refonte du PER en 2019 qui le rend plus simple avec des possibilités de sortie plus flexibles.
Le plan d’épargne retraite (PER) pour préparer sa retraite et défiscaliser
Par méconnaissance, de nombreux Français se tournent vers les solutions d’épargne et d’investissement les plus connues : les livrets d’épargne réglementée, l’investissement locatif et l’assurance-vie. Des solutions d’épargne qui ont le mérite d’être utilisées mais pas forcément quand l’objectif est d’épargner pour sa retraite.
Le plan d’épargne retraite (PER) a été conçu à l’image de l’assurance-vie mais, est spécifiquement conçu dans l’objectif de préparer sa retraite. Il donne, comme avec l’assurance-vie, accès à une large variété de supports. Ainsi, vous profitez de supports allant du moins risqué (le fonds en euros) au plus risqué (les unités de compte*). Il permet alors de créer une enveloppe en cohérence avec son profil investisseur. Si le fonds en euros est un support à capital garanti, les unités de compte (actions, obligations, OPCVM, SCPI…) offre un potentiel de rendement plus élevé mais ne confèrent aucune garantie en capital.
A la différence de l’assurance-vie, les sommes versées dans un PER sont bloquées en contrepartie d’un avantage fiscal propre à ce produit d’épargne. Les sommes versées dans un PER au cours d'une année sont déductibles des revenus imposables de cette même année, dans la limite d'un plafond global.
Cette économie d’impôt créée lors des versements permet d’obtenir une meilleure performance, surtout si celle-ci est réinvestie et qu’elle participe ainsi à faire fructifier votre épargne, ce qui rend le PER plus intéressant malgré un blocage des fonds jusqu’à l’âge de la retraite.
Exemple : prenons le cas de Sarah avec un revenu imposable annuel de 45 000 € et qui verse tous les ans 4 000 € (tout en respectant le plafond de déduction) dans son plan d’épargne retraite. Le gain fiscal est ici de 1 200 € par an (4 000 € x 30 %). Par rapport à un versement de 4000 € dans un contrat d’assurance-vie, Sarah dispose donc de 1200 € par an. Elle peut bien sûr choisir de se faire plaisir avec cet argent, qu’elle n’aurait pas eu si elle avait investi en assurance-vie. Mais elle peut aussi et surtout épargne ces 1200 € supplémentaires, pour maximiser ses revenus complémentaires à la retraite.
A noter : avec une sortie en capital, les versements volontaires qui ont été déduits de vos revenus imposables sont à réintégrer dans l’assiette taxable au barème progressif de l'impôt sur le revenu. Toutefois, l’impôt est bien souvent moins conséquent du fait de la baisse des revenus à la retraite.
Une fois à la retraite et si l’épargnant n’a pas renoncé à la déduction des versements à l’entrée, alors il a le choix entre :
- Sortir en capital (retraits libres ou programmés). Les gains sont imposés à la flat tax (30 %) et le reste, correspondant aux versements, est imposé à la TMI (pas de prélèvements sociaux).
- Sortir en rente viagère. Le régime des rentes viagères à titre gratuit s’applique. Votre rente sera donc soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu (après un abattement de 10 %) et aux prélèvements sociaux.
L’épargnant a également la possibilité de combiner les deux pour se garantir des revenus réguliers avec les rentes tout en disposant librement d’un capital.
DIEM Geoffrey
Conseiller en Gestion de Patrimoine
Cabinet Diem Conseil & Patrimoine
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